Communiqué N° 1 - 12/13 juin 2000

Vérifications administratives et techniques

C'est sous un soleil radieux et devant un public nombreux qu'ont débuté en ce lundi de Pentecôte les vérifications administratives et techniques. Les 48 voitures sélectionnées étaient présentes au rendez-vous de cette 68ème édition. Les commissaires techniques n'ont relevé que des points de détails et ont souligné le haut niveau de préparation de l'ensemble des équipes.
La voiture la plus légère est la WR N°36 (694 kg), la plus lourde étant la Porsche N°71 (1228 kg).
Côté pilotes, le benjamin est Gunnar Jeannette (18 ans) et le doyen Mario Andretti (60 ans). Ni l'un ni l'autre ne battent toutefois de record, puisque André Morel était agé de 64 ans en 1952 et Ricardo Rodriguez n'avait que 17 ans en 1959 (on lui avait même refusé le départ 1'année précédente).
 

-------- CATÉGORIE LM P900 --------

La première voiture à se présenter aux différents points de contrôles fut la CADILLAC prototype badgée du numéro 1, sur laquelle sont associés Andy Wallace, Butch Leitzinger et Franck Lagorce. La seconde voiture est confiée à Max Angelelli, Wayne Taylor et Eric Van de Poele.
Installée sur une des voitures aux essais préliminaires de mai, la boîte de vitesses X-Trac a été préférée à la Emco précédemment utilisée. Ce changement s'accompagne d'une nouvelle suspension arrière, testée après les essais préliminaires sur le circuit de Monza en Italie. Elle permet d'obtenir un train arrière moins "nerveux" préservant mieux les pneumatiques.
A noter la caméra infrarouge installée dans l'emplacement des optiques droits, utilisée pour le système de vision nocturne équipant les deux voitures, avec un mini-écran placé sur le volant.

Cadillac est aussi représenté par l'écurie DAMS, qui aligne deux équipages. Une seule voiture dispose en revanche de la boîte de vitesses X-Trac et du nouveau train arrière, c'est celle d'Emmanuel Collard, Eric Bernard et Franck Montagny, qui ont récemment procédé à des essais de mise au point à Spa (sous la pluie) et Silverstone.
Rappelons que les Cadillac sont équipées par Pirelli, contrairement aux Audi, Panoz et Chrysler. Côté moteur, les quatre voitures sont équipées de la dernière évolution, avec une puissance portée à 590 chevaux.
 

AUDI : Sur le podium en 1999 pour sa première participation, la firme d'lngolstadt fait figure de favorite de cette édition 2000.
Après trois jours d'essais la semaine dernière à Magny-Cours où les 9 pilotes ont pris le volant, les Audi se sont présentées avec des configurations aérodynamiques légèrement différentes et il est possible que plusieurs versions soient essayées mercredi soir.
En faisant son jogging, Stéphane Ortelli a remarqué que le Virage Ford était plus serré qu'aux essais préliminaires et il estime qu'il sera difficile de battre les temps réalisés en avril. Plus optimiste, son équipier Alan McNish table sur une pôle en 3'30", 3'31" mais l'Ecossais pense que les honneurs des essais pourraient revenir à une autre marque qu'Audi : "La Lola-Judd et les Panoz vont aussi très vite, comme j'ai pu le constater en ALMS". Par ailleurs, les pilotes Audi se déclarent enchantés par la tenue de route de la R8 mais regrettent un manque de vitesse en ligne droite. Vainqueurs il y a deux ans sur Porsche, McNish-Ortelli-Aiello tenteront de mettre à profit leur bonne entente pour s'imposer à nouveau : "cette Audi est la meilleure voiture que j'aie jamais pilotée au Mans", affirme Stéphane.
 

PANOZ : Le constructeur américain a effectué des essais à Spa et Silverstone pour résoudre les problèmes de tenue de route rencontrés en avril. Les modifications ont surtout porté sur l'aérodynamique (spoiler et aileron arrière} afin de décharger le train avant et de rééquilibrer l'ensemble. Directeur de la Compétition pour le constructeur qui aligne deux modèles, David Price veille également sur les deux voitures du team TV Asahi (dont Kazumichi Goh est le propriétaire) et sur celle de Den Bla Avis.
La Panoz danoise se distingue des autres par son double bossage de cockpit et son gros arceau : deux particularités obligatoires en SRWC : "L'ACO ne nous a pas autorisé à modifier la voiture entre les essais préliminaires et la course. C'est pour nous un handicap en termes de poids et d'aérodynamique", explique John Nielsen. Toutes les Panoz sont équipées d'un moteur préparé par Elan Power Products et de disques carbone Hitco. Les voitures de l'usine et de TV Asahi sont chaussées en Michelin, la Den Bla Avis en Pirelli.
Côté pilotes, l'équipage du Spyder LMP N°11 tient la vedette avec l'Américain Mario Andretti associé à Jan Magnussen et à David Brabham.
Absent en 99, Pierre-Henri Raphanel défend pour la première fois les couleurs Panoz, avec Johnny O'Connell et le Japonais Hiroki Katoh sur la seconde voiture. "C'est une course que j'aime et je voulais revenir. C'est la cerise sur le gateau de participer aux 24 heures à côté de mes programmes principaux au Japon", explique le Français, passé à plusieurs reprises tout près de la victoire dans la Sarthe.
 

BMW : C'est la troisième fois consécutive que ce châssis ex-usine se présente au pesage des 24 heures. Depuis l'an passé, la voiture de Thomas Bscher est passée des mains de David Price à celles de Michael Cane, qui faisait courir des McLaren de 1995 à 98 : "Je pense qu'Audi va gagner mais il nous est possible de terminer entre la 3e et la 5e place", affirme Bscher, qui estime que la règlementation 2000 pénalise moins sa BMW en ligne droite que les autres prototypes.
 

LOLA : Les B2K/10 ont reçu une évolution de carrosserie adaptée au circuit du Mans (spoiler plus court, aileron plus plat et extensions d'ailes avant allongées). La voiture de Rafanelli est propulsée par un moteur V10 Judd adapté à l'endurance alors que celle de Konrad est propulsée par un V8 Ford Yates/Konrad. La Lola / Rafanelli s'est montrée la plus rapide des voitures privées aux essais préliminaires et elle ne vise rien moins que la victoire, comme nous l'explique Didier de Radiguès : "Notre but, c'est de gagner. Nous avons un petit budget mais l'équipe n'a rien à envier aux équipes d'usine, la voiture est très bonne et nous n'avons jamais connu de problèmes de moteur. Quant à notre équipage, il est très homogène : on va rouler intelligemment mais en se donnant à 100%. Le pilote est le seul élément qui ne doit pas s'user sur 24 heures".
Chez Konrad, Jan Lammers est également confiant: "Nous n'avons pas pu faire tous les essais que nous voulions mais en contrepartie, nous avons passé plus de temps à préparer la voiture. Nous sommes mieux préparés que l'an passé".
 

COURAGE : Il n'y a pas de voiture engagée par Yves Courage cette année, en revanche deux prototypes du constructeur manceau sont présents. Avec le soutien officiel de Peugeot pour la fourniture de moteurs V6 Peugeot préparés par Sodemo, le Pescarolo Sport engage un châssis C52. En dépit d'une casse moteur causée par un bris de courroie de pompe à huile, Henri Pescarolo est confiant sur le potentiel de cette nouvelle mécanique, qui a couvert près de 5000 km d'essais et beaucoup d'heures au banc. Une modification a été apportée sur la poulie d'entraînement de la courroie. L'équipage, composé d'Olivier Grouillard, Emmanuel Clérico et du pilote de F3000 Sébastien Bourdais, tentera le sans-faute, pour amener le prototype vert dans les cinq premiers dimanche. "L'arrivée, c'est comme toujours le premier objectif", a expliqué Henri Pescarolo, qui avouait que cette première participation de sa structure basée dans la technopole du circuit "est un aboutissement des efforts entrepris jusqu'ici et un nouveau départ. J'espère que nous sommes sur la bonne rampe de lancement pour présenter très rapidement un projet gagnant aux 24 heures, peut-être dès 2001".

De son côté, le SMG de Philippe Gache désormais basé à Avignon découvre peu à peu sa toute nouvelle C60 à moteur Judd. Après avoir participé à la course de Silverstone, l'écurie française est venue sur le Bugatti effectuer une séance de mise au point, durant laquelle elle a utilisé de nouveaux crabots et pignons de boîte Emco. Sur le papier, Gache est confiant dans le potentiel de la voiture, à l'aérodynamique très fine. "Courage a intégré très tôt dans la conception de la voiture le moteur Judd V10, qui a l'avantage d'un encombrement très faible". L'équipe a tenu son planning serré de préparation pour les 24 heures depuis qu'elle a reçu la voiture en mars dernier mais sa connaissance de la voiture est encore limitée. "Nous ne savons pas quels problèmes nous pouvons rencontrer".
 

REYNARD : Depuis les essais préliminaires, Oreca a travaillé sans relâche, effectuant des essais à Jerez, Monza et Valencia. Les principales modifications ont porté sur les géométries de suspension, le renforcement de la liaison coque-moteur ainsi que le refroidissement et la lubrification de la boîte. La direction assistée n'est pas utilisée pour des raisons de fiabilité. Les Reynard-Oreca sont propulsées par le V8 Mopar, dont la puissance n'a pas été communiquée. Celle du Johansson-Matthews Racing est équipée d'un V10 Judd, tout comme la Lola / Rafanelli et la Courage de Gache.
 

-------- CATEGORIE LM P675 --------


DEBORA : Seule voiture chaussée en Avon, la Debora est propulsée par un BMW 3,2 L désormais préparé par Heini Mader (Randlinger précédemment). Pilote-essayeur BAR en F1, Patrick Lemarié débute aux 24 heures, tout comme Yann Goudy, issu de la F3. Tous deux pourront bénéficier des conseils du Manceau Jean-François Yvon, qui n'avait plus disputé les 24 heures depuis cinq ans : "Je connais les Debora pour en avoir piloté l'an dernier en SRWC avec Pierre Bruneau", explique Jean­François. Quant à Lemarié, il est également confiant dans sa voiture : "Elle est bien équilibrée et facile à conduire. Et je rêvais depuis longtemps de courir sur ce circuit mythique du Mans".
 

LOLA : Cette Lola B2K/40 est bien différente de celles des team Rafanelli et Konrad. Conçue spécialement pour les catégories "junior" (SR2 ou LMP 675), elle dispose d'un châssis en aluminium­nid d'abeille. Son moteur est un V6 Nissan de 3 litres préparé en Angleterre par AER (Advanced Engine Research). Il développe 400 ch et est équipé d'une injection électronique Pectel. Cette voiture est confiée à un équipage canadien, la voiture étant préparée en Ontario.
 

REYNARD-VW : Après les essais préliminaires, ROC a poursuivi la mise au point à Monza et Lurcy­Lévis, dans le centre de la France. En tout, quelques 5000 km d'essais ont été effectués depuis le début du programme. Le moteur VW, préparé en Al dans une configuration quasi identique aux essais préliminaires mais des essais de lame avant seront effectués avant la course.

Du côté des écuries privées, la voiture du Paul Belmondo Racing est un modèle "client 2000", dont le moteur est préparé par Mader. Comme les voitures d'Oreca, elle est équipée de freins carbone. Co­directeurs du team, Paul Belmondo et Claude-Yves Gosselin ont préféré laisser le volant à leur pilote de pointe Boris Derichebourg et à leurs clients Jean-Claude Lagniez et Guy Martinolle.

La voiture engagée par Mr Goh est en fait celle de Chamberlain Motorsport. Elle est équipée de pneus Dunlop et de freins acier, son moteur provenant de chez Caldwell. A son volant, on retrouve le Suisse Walter Brun, dont la première participation remonte à 1971 et la dernière à 1991. C'est l'Allemand Christian Gläsel (déjà vu l'an passé dans cette équipe) qui complète l'équipage.
 

CHEVROLET : Le Corvette Racing a animé le pesage en s'y présentant avec des chapeaux de cow­boys. Par rapport au modèle de série, ces Corvette C5-R ont reçu des suspensions plus typées course ainsi qu'une boîte Hewland. Celle-ci n'a que 5 rapports et sa commande est classique (en H). Les Corvette et les WR sont d'ailleurs les seules voitures à n'avoir que 5 vitesses. Le moteur est préparé à Détroit chez Katech (qui préparait les moteurs Chevrolet de Courage en 95 et Oldsmobile de Riley & Scott en 96). On annonce une puissance de 600 ch pour un régime maxi en course de 6400 t/mn. Goodyear est le partenaire pneumatique de cette équipe dirigée par Gary Pratt.
 

PORSCHE : Pas grand chose à signaler à propos des deux Porsche 911 GT2, voitures connues depuis longtemps. Celle du Freisinger Motorsport est confiée au "pilote maison" Wolfgang Kaufmann, associé à deux gentlemen-drivers japonais, Iketani et Hané.
Celle de Konrad est confiée à deux excellents pilotes : Jurgen Von Gartzen et l'ex-champion Transam Tom Kendall, associés à Charles Slater, un ancien propriétaire de l'IMSA.
 

-------- CATÉGORIE LM GT --------


12 exemplaires de la nouvelle 911 GTS-R sont alignés par des écuries privées dans cette catégorie exclusivement représentées par des Porsche.
Depuis les essais préliminaires, toutes les voitures ont été équipées de silencieux à l'échappement. La plupart d'entre elles ont remplacé leurs amortisseurs d'origine (Bilstein) pour des Moton, qui offrent une gamme de réglages plus large. D'autres équipes préfèrent les Penske ou les Sachs.
Sur la voiture de Dick Barbour, on note la présence de freins AP à la place des Brembo d'origine. Les moteurs viennent directement de l'usine, sauf ceux des N°71 et 75 (Colucci et Manthey), qui sont préparés chez Porsche North America. Des modifications sont apparues sur les soupapes, les chemises ainsi que les raccords d'eau et de pompe à huile, causes de beaucoup d'abandons aux 24 heures de Daytona.

Hormis le côté technique, saluons le retour au Mans de Dick Barbour après 20 ans d'absence et la présence d'un team australien (Skea) pour la première fois depuis 1984.
Peu de changements de pilotes sont à signaler : sur la N° 78 engagée par Maury-Laribière, Thierry Depoix a laissé sa place à l'Italien Angelo Zadra. Sur la Skea N° 82, Maassen, Murry et Mowlem sont confirmés.

Le Gunnar Racing, au sein duquel on retrouve François Migault (qui ne pilote pas toutefois), est présent avec Alex Job sous l'engagement du Manthey Racing. Le fils du team manager Kevin Jeannette, Gunnar, est le plus jeune participant de cette édition. Il a fêté ses 18 ans le 5 mai dernier et surtout, les 24 Heures ne constituent que sa quatrième course après Daytona, Sebring et Charlotte. Il a toujours été associé aux mêmes équipiers, aux côtés desquels s'était joint Paul Newman à Daytona.

Parmi les nombreux revenants au Mans cette année, on remarque Max Cohen-Olivar, sur la Porsche du Seikel Motorsport (n°76/Dunlop) aux côtés du Canadien Antony Burgess et de Michel Neugarten. Ce dernier devrait assurer 14 heures au volant.

Enfin, l'équipe Perspective (Porsche n°79/Pirelli) accueille une autre figure des 24 Heures, en la personne de Jean-Louis Ricci, qui court cette année avec son jeune fils Romano, ainsi qu'avec Thierry Perrier. La voiture utilisera pour le départ et l'arrivée des pneumatiques aux flancs peints, dont la couleur change avec la température.